Anna Maisonneuve: Anatomie des extrêmes (junkpage.fr, 2020, FR)

L’institution (Archives Bordeaux Métropole) poursuit son ouverture à l’art contemporain avec la restitution d’un atelier mené par Szabolcs KissPál. Aux côtés des propositions d’étudiants en art de Bordeaux et Budapest, l’artiste hongrois présente une version réduite de son ambitieux projet de docu-fiction inspiré par la politique du nationaliste Viktor Orbán.

L’an dernier, Thomas Boutoux et Nicolas Milhé rencontraient Szabolcs KissPál à Budapest. « C’était quelques mois avant les élections européennes », se souviennent les deux enseignants de l’école des beaux-arts de Bordeaux. L’actualité politique, le militantisme et l’art alimentent leurs discussions, suscitent les intérêts et déterminent un projet. « En partant de Hongrie, on s’est dit qu’il fallait vraiment inviter Szabolcs à l’école des beaux-arts de Bordeaux, d’autant plus que cet artiste est aussi professeur à l’Académie des beaux-arts de Budapest. On avait envie d’engager les étudiants et nous-mêmes dans ce débat. »

Ce dernier prend racine dans le parcours et l’œuvre de ce plasticien à l’aune d’un contexte particulier, celui de la Hongrie de Viktor Orbán. Depuis l’écrasante victoire de son parti, le Fidesz, aux élections de 2010, ce premier ministre de droite nationaliste phagocyte les institutions démocratiques et magnétise les droites extrêmes de toute l’Europe. « Pionnière des politiques d’État d’extrême droite en Europe, la Hongrie fait figure de laboratoire européen de ce qui se passe ailleurs y compris en France », alerte Szabolcs KissPál. Ce paradigme innerve la trilogie de cet artiste, né en 1967, dont le travail a été montré à la Biennale de Venise, au Stedelijk Museum d’Amsterdam, à Séoul, New York ou encore récemment au Project Arts Centre de Dublin.

continuer: junkpage.fr, 04.02.2020